lundi 13 décembre 2010

Préface de René Abate, Senior Advisor, BCG

J’étais, il y a quelques semaines, dans un hôpital parisien pour un contrôle de routine. Alors que le médecin rédigeait son compte rendu, je lui demandai de comparer les résultats aux examens précédents. Il me dit, après réflexion, que l’informatique avait changé et «qu’ils» n’avaient pas mis en mémoire les anciens examens. Vint ensuite une litanie de plaintes sur le système informatique inadapté à l’usage de ce médecin. Je lui répondis que ce qu’il critiquait était son outil de travail et suggérai que ce n’était pas «leur informatique» mais la sienne.
Cette anecdote est en fait encore représentative de la situation de l’informatique aujourd’hui dans de nombreuses entreprises, objet étrange, technique, distant et souvent incompréhensible. Les directions générales et les conseils d’administration sont parfois déconcertés par les délais et le coût des projets qui leur sont présentés, le plus souvent sous un angle technique et rarement avec une vision «business». Les directions opérationnelles utilisatrices sont parfois quant à elles sceptiques ou résignées.
Ceci est regrettable car les nouvelles technologies de l’information permettent de réaliser des progrès d’efficacité et créent également des opportunités importantes d’augmentation du chiffre d’affaires, soit en créant des «modèles d’affaires» nouveaux, de nouveaux produits et services, soit encore en exploitant mieux les informations disponibles ou accessibles sur leurs clients. De nombreuses entreprises dans l’industrie, les services, la distribution ou l’énergie par exemple s’y emploient avec succès. Les services de l’Etat, en mettant en ligne une application pour déclarer et payer les impôts, ont augmenté le niveau de service pour les citoyens et amélioré l’efficacité. Au-delà, il est même possible de réinventer certains marchés comme Apple a su le faire avec iTunes ou comme Amazon et la Fnac tentent de le faire avec le Kindle/FnacBook.
La numérisation des produits et services induite par Internet et que les systèmes doivent accompagner est un accélérateur pour nos entreprises. Une étude récente du BCG commanditée par Google sur l’impact d’Internet au Royaume-Uni a montré que l’économie Internet représente 7% du PIB, en croissance de 10% par an, les plus grands bénéficiaires étant les PME qui ont saisi l’occasion de proposer de nouveaux services, de recherche de clients, de mise en contact ou de vente de marchandises.
Face à ces défis, les entreprises doivent faire évoluer leurs systèmes. Elles sont
parfois gênées par la complexité des systèmes existants qui ne permettent pas de développer les applications avec la rapidité ou le coût souhaités. La tentation est grande, pour s’adapter au rythme des marchés, de se diriger vers une refonte complète des systèmes avec l’objectif de remplacer les Systèmes d’Information actuels. Ces tentatives n’ont pas toujours été couronnées de succès! En revanche il est possible de faire évoluer les systèmes et, ce faisant, satisfaire les demandes des métiers. Ceci nécessite d’établir un dialogue de qualité et des intérêts partagés entre les directions informatique, les directions opérationnelles et les sociétés de services. Un tel dialogue permet de créer une valeur nouvelle et de mieux concilier long terme et court terme.
L’intérêt de ce livre écrit par un opérationnel et deux consultants est de proposer une approche «business» de l’informatique et un cadre conceptuel permettant d’y réfléchir avec méthode et bon sens en s’assurant que les directions opérationnelles ne sont pas sceptiques ou «résignées» mais parties prenantes…
Si cette approche est mise en oeuvre, l’anecdote du médecin deviendra une anomalie, car après tout «on a l’informatique que l’on mérite».
René Abate
Associé Gérant Delphen
Senior Advisor, Ancien Président de BCG Europe
Administrateur de sociétés

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